Elégante mais en peine |
Leana Bertley est malheureuse. Elle est malheureuse et pourtant elle ne peut dire à personne qu’elle l’est. Pas parce que la raison de sa tristesse est confidentielle. Oh non ! Ça fait longtemps qu’elle a fait le choix de ne rien garder secret sur sa vie. Elle ne peut se confier à personne, car elle n’a pas envie d’entendre en retour des mots sur le besoin de tout positiver. Pourquoi les gens n’acceptent-ils pas l’idée que l’on a le droit de ressentir de la peine et de vivre intensément cette émotion ? Après tout, c’est ça un être humain. Il y a des moments où ce dont on a seulement besoin c’est d’une oreille qui écoute, d’une lèvre qui sourit, d’une main qui caresse et d’une bouche muette. Il faut toujours que les gens la ramènent. Elle est malheureuse, oui, elle a envie de parler de sa tristesse à ses amis et sa famille, elle a envie qu’elle les écoute et c’est tout. En retour, elle n’a pas envie de les entendre lui dire qu’elle doit être forte, qu’elle est trop faible, qu’elle voit tout en noir. Être peinée, c’est une prérogative de l’Humain. Pourquoi vouloir changer ce qui est naturel ?
Elle regarde sa bague sertie d’un gros diamant et souhaite
que la pierre lui parle, la soutient, la console, lui dit des mots rassurants.
Mais non. Elle reste muette et inerte. Un objet de tant de millions qui se
révèle inutile lorsque l’on a besoin de lui. C’est à se demander sur ce qui
compte le plus dans la vie, à revoir ses priorités. Leana voudrait partager son
affliction à des amis muets et à un diamant bavard qui tient des paroles de réconfort.
Elle jette un regard vers la terrasse et, tout d’un coup,
elle sent son cœur se serrer. Des larmes coulent sur ses joues. Les larmes et les pleurs : c’est tout ce
qui lui reste, ses compagnons fidèles qui jamais ne la jugent, qui jamais ne la
condamne. Elle s’allonge sur son lit, envoie un documentaire sur la Mésopotamie, sa chère Mésopotamie. Elle aime cette période de l’histoire. Quand
tout s’arrange dans cette région du Monde, elle cherchera le moyen d’y faire
une tournée et elle en profitera pour visiter les sites archéologiques.
Deux heures après, elle trouve enfin le sommeil malgré l’abattement.
Sur son ordre, son assistant virtuel arrête le documentaire. Elle se tourne sur le côté. Des larmes
coulent de nouveau sur ses joues. Sa prostration se poursuit. Comme ci son assistant
virtuel devinait les pensées de sa maîtresse humaine, il ordonne aux lumières
de s’éteindre. L’obscurité tombe sur la chambre. Tout est noir d’un coup, contrairement
à une tombée de rideau à un théâtre.
Combattre sa peine toute seule |
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